On en parle. Le dernier livre de Marie-Rose Moro nous invite à croire en nos ados pour leur donner envie de grandir et de changer le monde.
Après avoir redonné confiance aux parents – Avec nos ados, osons être parents !, Éd. Bayard –, la pédopsychiatre et psychanalyste Marie-Rose Moro signe, avec Odile Amblard, un autre livre sur les adolescents, destiné à tous les éducateurs, y compris les parents. À la une de la couverture, cette fois, un point d’interrogation : Et si nous aimions nos ados ? (1).
La proposition ne manquera pas de faire sourire la plupart des parents. Bien sûr que nous les aimons nos grands dadais flegmatiques, difficiles à réveiller, assoiffés d’indépendance ou en demande de câlins ! Oui, mais voilà, alerte la spécialiste, malgré tout notre amour, nous ne croyons pas suffisamment en eux. Et ils en souffrent !
Près d’un adolescent sur deux a une estime de soi défaillante
En effet, selon la directrice de la Maison de Solenn (2), la maison des adolescents de l’hôpital Cochin, à Paris, « environ un adolescent sur deux a une estime de soi défaillante ». Des parents s’étonnent. N’ont-ils pas toujours été des adultes aimants, valorisants pour leur enfant ? « Ce n’est la faute de personne », tempère la psychanalyste.
Certains ados ont besoin de plus de temps que les autres pour affronter la réalité. D’autres sont blessés par le décalage existant entre ce que leurs parents disent d’eux (« tu es le plus beau, le plus fort »), et ce qu’ils découvrent à l’école. « Ils ne sont pas tous les plus géniaux, ils peuvent avoir des difficultés et apprendre à les surmonter », écrit l’auteur.
Pour elle, il est essentiel de changer son regard sur les adolescents. Le discours ambiant véhicule souvent une image négative sur cette tranche d’âge. On les dit paresseux, violents, accros aux jeux vidéo, aux réseaux sociaux… Haro sur les clichés ! Les ados inquiets, pas très sûrs d’eux, peuvent les intérioriser et s’y conformer.
Une période de grande vulnérabilité psychique
L’adolescence, un âge ingrat ? La pédopsychiatre rappelle qu’elle est une période de grande vulnérabilité psychique. Le regard porté par les adultes est déterminant sur la capacité des ados à se projeter dans l’avenir. Ils sont aussi très malléables car leur cerveau n’est pas fini, leur personnalité n’est pas fixée. « Cela signifie que nous ne pouvons attendre des jeunes qu’ils se comportent comme des adultes », insiste Marie-Rose Moro. Même s’ils sont de grande taille, les ados sont encore petits dans leur tête.
Aussi devons-nous les accompagner dans leurs tâtonnements pour trouver leur identité personnelle, sexuelle, professionnelle. C’est un âge crucial durant lequel s’installent les habitudes de vie : se nourrir, s’habiller, prendre soin de soi. De l’adolescence dépend la vie future !
Plus que jamais, les ados ont besoin des parents pour les protéger, les encadrer, donner du sens à leur vie. Il faut, plaide l’auteure, se mobiliser pour donner à son enfant l’envie de vivre, les moyens de grandir, le désir d’entrer dans le monde et de le changer.
(1) Et si nous aimions nos ados ? Alerte : adolescents en souffrance, de Marie-Rose Moro avec Odile Amblard, Éd. Bayard, 14,90 €.
(2) Marie-Rose Moro vient aussi de publier, avec Philippe Gutton, chez In Press Éd., Quand l’adolescent s’engage. Radicalité et construction de soi. Elle donnera une conférence-débat sur le thème « Il faut croire en nos ados », mercredi soir à 17 h 30 à l’Institut catholique de Paris. Rens. : www.icp.fr/education.
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