18 anciens jurons à connaître et à réhabiliter
1. Bon sang !
Forme euphémique de « par le sang de Dieu » ou de « par le sang du Christ » pour éviter le blasphème.
Il existe ces locutions :
- Bon sang de bonsoir !
- Bon sang de bon sort !
- Bon sang de bon sang !
- Bon sang de bois !
- Bon sang de bon dieu !
Exemples :
Mais bon sang, qu’il est laid !
Bon sang de bois, j’ai perdu ma trompette !
2. Bigre !
Bigre est une atténuation de bougre, « exclamation familière des bourgeois qui n’osent prononcer le vrai mot, qui est bougre » (Anatole France, cité par le TLFi). Un « bougre » désignait d’abord un homosexuel. Par extension, « bougre » est devenu un qualificatif pour une personne méprisable.
Avec l’usage, « bougre » et « bigre » sont devenus des jurons.
Bigre est un ami de Jacques dans Jacques le fataliste et son maître de Diderot.
Exemple :
Ce bigre de marmot m’a encore bien eu !
Bigre de bigre, ça ne lui allait pas, le mariage !
Maupassant, Une partie de campagne
3. Dame !
Forme abrégée de « Notre-Dame » (Ac.).
Peut aussi être écrit « dam ».
Exemples :
Dame oui, je viens avec vous !
Dame ! Ce pain était bien bon.
4. Diantre !
Forme euphémique de « diable ».
On trouve aussi l’adverbe « diantrement ».
Exemples :
Que diantre ! Je ne ferai pas la vaisselle en plus de la lessive !
Le diantre soit de ses sacrés signes de croix !
Verlaine, Élégies
Diantre ! fit Blazius, voilà qui est étrange !
Gautier, Capitaine Fracasse
5. Corbleu / Cordieu
Forme euphémique de « pour le cœur de Dieu ».
Marque une vive humeur (Ac.).
Exemples :
Ces gens sont si pénibles, corbleu !
Qu’alliez-vous faire à la Mad’leine,
Corbleu, ma moitié,
Qu’alliez-vous faire à la Mad’leine ?Laforgue, Complainte de l’époux outragé,
6. Fichtre !
Euphémisme du verbe « foutre », après un croisement avec le verbe « ficher ».
Il existe l’adverbe « fichtrement ».
Exemples :
Je n’y comprends fichtre rien !
Fichtre, on s’en fiche !
Ce vin a été fichtrement bien apprécié par les convives.
7. Jarnidieu ! Jarnibleu ! Jarnigoi ! Jarnicoton !
Forme atténuée de « je renie Dieu » !
« Bleu » remplace « Dieu ».
« Jarnicoton » est attribué au roi Henri IV. Le père Coton était en effet le confesseur jésuite du roi.
Exemple :
Jarnidieu, jamais je n’irai me baigner dans ces eaux-là !
8. Mazette !
« Mazette » souligne l’admiration.
Exemples :
Que c’est beau, mazette !
Oh putain mazette eh ! Et, vous êtes des vedettes de la télé ?
Ginette Sarcley dans Les Visiteurs
9. Morbleu ! Mordieu !
Forme euphémique de « par la mort de Dieu ».
Exprime surtout la colère.
Exemples :
Viens ici, morbleu !
Mais non, mordieu ! Cet homme est un saint !
10. Nom d’un petit bonhomme ! Nom d’une pipe ! Nom de nom !
Pour éviter le blasphème « nom de Dieu ! ».
Exemples :
Elle est érudite celle-là, nom d’une pipe !
Oui, nom d’un petit bonhomme, il fait solidement froid tout de même.
Balzac, Eugénie Grandet
11. Palsambleu !
Même origine que « bon sang » : « par le sang de Dieu » !
« Bleu » remplace « Dieu ».
Il existe aussi « par la sambleu ».
Exemples :
[…] il me sera trop facile de me faire adorer de Barbe-Bleue, mais il faut que je sache le chemin du Morne-au-Diable ; il serait, palsambleu ! piquant de m’y faire conduire par cet ourse
Sue, L’Aventurier
Par la sambleu ! messieurs, je ne croyais pas être
Si plaisant que je suis,Molière, Le Misanthrope, II, 7 (Littré)
12. Pardieu ! Pardi !
Formes de « par Dieu », qui servent souvent à renforcer une déclaration.
Exemples :
Ah, pardieu, voilà qui est fort ! s’écria le vieillard, je suis celui que vous avez fait placer ici, et cette maison est celle où vous m’avez fait placer.
Hugo, Les Misérables
−Pardi ! cria Gilquin, il y a plus de trois cent mille étrangers dans Paris.
Zola, Eugène Rougon, TLFi
13. Sacrebleu ! Sacredieu !
Forme euphémique de « sacre de Dieu » !
« Bleu » remplace « Dieu ».
Exemples :
Et moi, dit Porthos, je ne jure rien, mais j’étouffe, sacrebleu !
14. Sacristi ! Sapristi ! Saperlotte ! Saprelotte ! Saperlipopette !
« Sapristi » est une corruption de « sacristi ».
Saperlipopette est la forme atténuée de « sapristi ».
Exemples :
Ouf ! fit l’abbé. Ah ! saperlipopette, ma fille, que venez-vous de m’apprendre là ?
15. Scrogneugneu !
Un « scrogneugneu » est un vieux militaire bougon.
Ce juron est une déformation de « sacré nom de dieu » selon le Robert.
Ce juron peut servir à imiter les grincheux.
Exemples :
Scrogneugneu, nous n’avons rien ! Scrogneugneu ! Scrogneugneu !
16. Tudieu !
Forme euphémique de « par la vertu de Dieu » ou de « tue Dieu » !
Exemples :
Tudieu ! l’ami, sans vous rien dire, Comme vous baillez des soufflets !
Molière, Amphytrion, I, 1 (Littré)
Tudieu ! dit Chicot en se caressant le menton, voilà un habile homme.
Dumas, La Dame de Monsoreau
17. Ventredieu ! Ventrebleu ! Ventre-saint-gris !
Forme euphémique de « ventre de Dieu ».
Ventre-saint-gris est un juron attribué au roi Henri IV.
Exemples :
Hé ! ventrebleu ! s’il y a ici quelque chose de vilain, ce ne sont point mes jurements ; ce sont vos actions
Molière, La comtesse d’Escarbagnas (Littré)
– Sire, vous serez roi.
– Eh ! ventre-saint-gris ! dit Henri en réprimant un violent battement de cœur, ne le suis-je point déjà ?
18. Vertudieu ! Vertubleu !
Comme « tudieu », forme euphémique de « par la vertu de Dieu » !
Exemples :
Mon assiette, mon assiette ! Tout doux, s’il vous plaît. Vertubleu !petit compère, que vous êtes habile à donner des assiettes nettes !
Molière, Dom Juan, IV, 11, Sganarelle
Lui. Vertudieu ! Je le crois. J’arrive, je suis grave […]