Le groupe se retrouve depuis 2003, pendant longtemps six fois par an (mars, avril, mai, octobre, novembre, décembre). Nous lisons des romans modernes (XXe et XXIe) écrits en français, mais venant de pays très variés. Nous les discutons autour d’un verre et de quoi se mettre sous la dent. Le groupe est très hétéroclite – 15 nationalités jusqu’ici – et tout aussi sympathique. Aucune inscription n’est nécessaire, mais il est préférable d’avoir lu le livre discuté. 

Schœnhof’s, librairie de livres étrangers à Harvard Square, ayant fermé ses portes fin mars 2017 – après 106 ans! – , nous avons dû délocaliser notre groupe de lecture francophone animé par notre président, Brian Thompson.  A partir de l’automne 2017, nous nous retrouvions dans la Dana Palmer House, siège du département de Littérature comparée de Harvard, sise au 16 Quincy Street, à 400 mètres de Harvard Square. NOTEZ que depuis le covid, nous nous retrouvons plus fréquemment, presque mensuellement, mais sur zoom… Nous espérons pouvoir faire des réunions hybrides en automne 2022.

Tous les livres que nous choisissons d’un commun accord sont disponibles chez Schœnhof à 50% de remise, si vous indiquez que vous faites partie du groupe. Commander soit sur internet (weborders@schoenhofs.com), soit en téléphonant à Alice (847-676-1596 x205).
Pour vous mettre sur la liste de diffusion du groupe, envoyer un courriel à Brian.

 

Programme de l’été 2022

le  6 juillet.   Leïla SLIMANI, Regardez-nous danser

Elle y mêle l’histoire de France et l’histoire du Maroc à travers le destin d’une famille. Le sous-titre de ce deuxième volume est « La guerre, la guerre, la guerre ». 

Leïla Slimani raconte pourquoi. La Grande Librairie: https://youtu.be/1IO2TN3JOBQ 

Entretien: https://youtu.be/wms-JSdaPnw 

“Je suis une menteuse patentée” https://youtu.be/EM3tyLSq-qc 

Slimani sur ce roman: https://youtu.be/mGYUnSG9TGU 

En conversation à l’Institut français de l’UK: https://youtu.be/c9rFyuAfiZc 

Leïla Slimani : « Ecrire un roman qui puisse parler à tout le monde”: https://youtu.be/oafOA6mVXM0 

« In conversation with Leïla Slimani » (23/03/2022) à la Maison française d’Oxford:  https://youtu.be/BkjDNy2aWe0  

Leïla Slimani : des personnages en quête d’identité, dans le Maroc des années 1960: https://youtu.be/tT3IBwc_ENg 

Excellente conversation avec Siimani: https://youtu.be/2RYoyeC9oiA 

« Année après année, Mathilde revint à la charge. Chaque été, quand soufflait le chergui et que la chaleur, écrasante, lui portait sur les nerfs, elle lançait cette idée de piscine qui révulsait son époux. Ils ne faisaient aucun mal, ils avaient bien le droit de profiter de la vie, eux qui avaient sacrifié leurs plus belles années à la guerre puis à l’exploitation de cette ferme. Elle voulait cette piscine, elle la voulait en compensation de ses sacrifices, de sa solitude, de sa jeunesse perdue ». 1968 : à force de ténacité, Amine a fait de son domaine aride une entreprise florissante. Il appartient désormais à une nouvelle bourgeoisie qui prospère, fait la fête et croit en des lendemains heureux. Mais le Maroc indépendant peine à fonder son identité nouvelle, déchiré entre les archaïsmes et les tentations illusoires de la modernité occidentale, entre l’obsession de l’image et les plaies de la honte. C’est dans cette période trouble, entre hédonisme et répression, qu’une nouvelle génération va devoir faire des choix. Regardez-nous danser poursuit et enrichit une fresque familiale vibrante d’émotions, incarnée dans des figures inoubliables.

La réussite majeure de Leïla Slimani consiste à mettre au jour cet enchevêtrement de tensions et d’antagonismes, ouverts ou subreptices, par l’entremise de personnages fermement et finement construits dont elle ne fait jamais des abstractions. […] c’est une substance humaine riche, émouvante, d’une grande justesse, que compose Leïla Slimani, pour la déposer entre nos mains, impatientes déjà de connaître la suite… Nathalie Crom, Télérama

Une formidable épopée, politique autant qu’humaine, qui en dit long sur les affres de ces ex-colonies françaises soudain livrées à elles-mêmes ou presque, chacun tentant de trouver sa place dans une société oscillant entre décomposition et recompositionAlexandra Schwartzbrod, Libération

Regardez-nous danser est le magnifique roman familial et politique d’une génération d’hommes et de femmes qui cherchent à se faire une place au soleil « entre les prédateurs et les moutons » dans un régime autoritaire. Un roman noir et brûlant. Olivia de Lamberterie, Elle

Toujours aussi inspirée, Leïla Slimani mêle tragédies intimes et bouleversements de la société marocaine, dépeignant les relations de domination entre hommes et femmes, ses thèmes de prédilection, à travers le corps, le désir, la maternité. Son écriture très belle et évocatrice nous plonge dans la nature avec ses parfums, le rythme est soutenu et les personnages sont profondément attachants.II y a du Maupassant chez cette surdouée des lettres. Anne Michelet, Version Femina

Alternant parfaitement microcosme (familial) et macrocosme (national), entre corps des femmes et corps d’État, ce livre-ci scrute les relations de pouvoir avec plus de radicalité, mais aussi plus de fluidité. Hubert Artus, Causette

 

18 août, 15h à Boston.  L’art de perdre d’ Alice ZENITER         https://umassboston.zoom.us/j/91859377475 

ZeniterL’Algérie dont est originaire sa famille n’a longtemps été pour Naïma qu’une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ? Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu’elle ait pu lui demander pourquoi l’Histoire avait fait de lui un « harki ». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l’été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l’Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?

«

Naïma, l’Algérie, elle ne la connait pas.
Elle voudrait pourtant comprendre l’histoire de sa famille mais se heurte à des murs de silence.
Petit à petit, comme on détricote un pull, elle va réussi à retracer le parcours de cette famille de Harkis qui a tout abandonné d’un côté de la Méditerranée pour ne rien retrouver de l’autre.
A travers trois générations, l’autrice nous brosse un portrait de la guerre d’Algérie et du devenir de ces familles qui ont tout quitté et sont arrivés en France en espérant vivre des jours meilleurs.
Destinée tragique des ces migrants, souvent peu ou mal pris en charge, dont la vie s’enlise et se flétri loin de leur sol natal.
Le récit se découpe en trois parties:
L’histoire de ce grand-père Harkis qui s’est battu pour la France et se voit obligé de quitter son pays lors de l’indépendance.
En fuyant son pays, Ali va tout perdre, ses repères, sa magnificence et sa crédibilité auprès de ses enfants qui eux, s’assimilent et oublient leurs origines.
L’arrivée de la famille sur le sol français, les années de galères, de déceptions. Les difficultés d’intégration. L’ainé des enfants, Hamid, qui est le trait d’union entre le monde de ses parents et la France que ceux-ci ne comprennent pas.
Et enfin la prise de conscience de Naïma, petite-fille d’Ali et fille de Hamid, sa quête pour mettre des mots sur son histoire familiale toujours tue. Son retour sur la terre de ses ancêtres.
Alice Zeniter est une excellente conteuse.
L’histoire est captivante, addictive et nous permet de mieux comprendre tout un pan de l’histoire qui relie l’Algérie à la France.
Mais au delà de la guerre d’Algérie, ce roman est avant tout un roman sur l’exil (et ses conséquences sur les générations futures), la transmission (pas toujours facile à faire) , les silences , les non-dits.
Inspirée de sa propre histoire familiale, l’autrice a réussi une très belle performance.
C’est beau comme du velours … à lire !!!! »  [lecteur sur amazon.fr]
 

https://youtu.be/0E07LY1JeDE   Entretien sur France 24

https://youtu.be/XXEAH4eyTlg  La grande Librairie: Algérie-France, destins croisés

https://youtu.be/uoDWhEa65RY  C l’hebdo, entretien

https://youtu.be/hr9fryvBfL0. Rencontre avec Alice Zeniter, Le Café Littéraire du «Forum du Livre»

https://youtu.be/-DXdPl-Q8T0. Conversation à la Maison de la Poésie

https://youtu.be/aO-F4HBKjdA    « Quand Macron fait des déclarations sur l’Algérie, je me bouche les oreilles »

 

Programme du printemps 2022

31 mars: Manon des sources de Marcel Pagnol

Film complet de PAGNOL: https://youtu.be/k9DnlVh4uAs  [en noir et blanc]

Gros plan sur Emmenuelle Béart: https://youtu.be/jamn1D23Niw 

Après la mort du Bossu, et la vente des Romarins, Manon et sa mère s’installent dans la grotte de Baptistine. Quelques années plus tard, Manon trouve l’occasion de se venger…

Pagnol s’est souvent adapté lui-même, passant aisément du théâtre an cinéma. Ici, il fait le chemin inverse, et adapte un film en roman : Manon des sources (1963), deuxième partie de L’Eau des collines, est la « mise en roman » du film éponyme. tourné dix ans plus tôt. On en retrouve tous les personnages, et on est émerveillé de voir que les dialogues, qui sont souvent, mot à mot., les mêmes, « s’entendent » aussi bien sur la page que sur l’écran. Manon des sources sera une sorte de testament : Pagnol ne réalisera jamais Jean de Florette, et n’écrira plus de fiction.

«Le murmure était plus fort ; c’était une chanson tintante et cristalline… Elle s’arrêta, éleva la petite flamme au-dessus de sa tête, et vit sur le sol danser une étoile : comme elle se penchait, un visage monta vers elle, et c ‘était le sien. »

Pour moi un classique indémodable ! Je dois dire que l’histoire me touche particulièrement étant donné que je suis née et que j’habite près des collines de l’enfance de Pagnol…mais je conseille à tout le monde de le lire tellement c’est un beau livre ! On suit l’histoire de la fille de Jean de Florette, la belle Manon, jeune et sauvage jeune fille ainsi qu’Ugolin et le papet. Que d’émotion dans ce roman de Pagnol, la dernière partie du livre m’a d’ailleurs donné des frissons et quelques larmes. Foncez vous ne serez pas déçu ! [amazon.fr]  

28 avril  Emile Ajar (Romain Gary) , La vie devant soi

Fil complet, “Madame Rosa” [avec Simone Signoret] https://youtu.be/l5yj-jETPFo 

Livre audio complet: https://youtu.be/c9y_s3LHykw 

Présentation du livre: https://youtu.be/WRqnI-Y4Q1E 

L’actualité d’un chef-d’œuvre: https://youtu.be/tZgMcqL5eUo 

GarySigné Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975. Histoire d’amour d’un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive : Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que  » ça ne pardonne pas  » et parce qu’il n’est  » pas nécessaire d’avoir des raisons pour avoir peur « . Le petit garçon l’aidera à se cacher dans son  » trou juif « , elle n’ira pas mourir à l’hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré  » des peuples à disposer d’eux-mêmes  » qui n’est pas respecté par l’Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu’à ce qu’elle meure et même au-delà de la mort.

Il devait penser que j’étais encore interdit aux mineurs et qu’il y avait des choses que je ne devais pas savoir. En ce moment, je devais avoir sept ans ou peut-être huit, je ne peux pas vous dire au juste parce que je n’ai pas été daté, comme vous allez voir quand on se connaîtra mieux, si vous trouvez que ça vaut la peine.

Momo ne connaît pas son âge, mais il connaît le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » et, conformément à ce droit sacré à la dignité, Madame Rosa, ancienne prostituée reconvertie en nounou pour « enfants de putes », n’est pas obligée d’aller à l’hôpital. Il va donc tout mettre en oeuvre pour la préserver contre l’acharnement thérapeutique. Car, s’il sait que l’on peut vivre sans amour, il sait aussi reconnaître cette chose formidable quand elle se présente. Il sait que sans l’amour qu’elle lui infuse, sans l’amour qui déborde de son propre coeur, en vrac pourvu que ça sorte, la vie serait une lutte perdue d’avance pour les petits pensionnaires de la rue Bisson, à Belleville.

Pour nous parler d’un monde à part où les prostituée sont « des personnes qui se défendent avec leur cul », où les enfants vendent les chiens parce qu’ils les aiment trop, où les gens ont une grandeur d’âme insoupçonnée, Momo amalgame les mots sans toujours en saisir le sens, ce qui donne lieu à des phrases souvent incorrectes, mais toujours vraies et parfois même très crues. Cette oeuvre bouleversante mais jamais larmoyante, publiée sous le nom d’Émile Ajar, a remporté le Goncourt 1975, inscrivant ainsi Romain Gary dans la légende, puisqu’il est le seul romancier à avoir décroché deux fois le prestigieux prix. –Sana Tang-Léopold Wauters

 

26 mai: L’Anomali de Hervé le Tellier          

Entretien de plus d’une heure: https://youtu.be/Ve1gZVrQyJM 

Critique littéraire; https://youtu.be/MkjV4wkrkhA 

La Grande Librairie: https://youtu.be/EqFfN11Ncb0 

L’énigme de la fin du roman: https://youtu.be/woJ3HhaKYpE 

Masterclass à France Culture: https://youtu.be/SSdeXPJ-Abw 

Prix Goncourt 2020: « Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension. » En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d’hommes et de femmes, tous passagers d’un vol Paris-New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles ; ou encore Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte.Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n’imaginait à quel point c’était vrai.Roman virtuose où la logique rencontre le magique, L’anomalie explore cette part de nous-mêmes qui nous échappe.

L’anomalie est un roman-monde, une fantastique machine littéraire, qui vous emporte et vous fait planer très haut. […] Hervé Le Tellier est d’une érudition bluffante. L’anomalie porte bien son nom, car il n’est pas courant qu’en France un ouvrage réunisse le meilleur des séries d’outre-Atlantique et l’impeccable maîtrise du roman psychologique français. Patrick Williams, Elle

C’est vertigineux, jubilatoire, génial ! Nicolas Carreau, Europe 1

On est tenu en haleine et le roman, le grand, le vrai, est à son zénith. C’est le cas de le dire avec L’anomalie, qui semble tombé du ciel.  Un roman 2.0 à la fois vertigineux et facétieux où Hervé Le Tellier est à son meilleur. Jérôme Garcin, L’Obs

Thriller avec services secrets et meurtres brutaux, récit SF multifacette, roman d’histoires d’amour fin de millénaire, conte philosophique sur les failles de la technologie et les abus de la surveillance, Hervé Le Tellier nous offre un roman aussi noir que le ciel sur l’anomalie d’un monde littéralement insensé. Michel Schneider, Le Point

L’anomalie, un phénomène hors-norme. Sandrine Bajos, Le Parisien

 

Le groupe se retrouve depuis 2003, pendant longtemps six fois par an (mars, avril, mai, octobre, novembre, décembre). Nous lisons des romans modernes (XXe et XXIe) écrits en français, mais venant de pays très variés. Nous les discutons autour d’un verre et de quoi se mettre sous la dent. Le groupe est très hétéroclite – 15 nationalités jusqu’ici – et tout aussi sympathique. Aucune inscription n’est nécessaire, mais il est préférable d’avoir lu le livre discuté. 

Schœnhof’s, librairie de livres étrangers à Harvard Square, ayant fermé ses portes fin mars 2017 – après 106 ans! – , nous avons dû délocaliser notre groupe de lecture francophone animé par notre président, Brian Thompson.  A partir de l’automne 2017, nous nous retrouvions dans la Dana Palmer House, siège du département de Littérature comparée de Harvard, sise au 16 Quincy Street, à 400 mètres de Harvard Square. NOTEZ que depuis le covid, nous nous retrouvons plus fréquemment, presque mensuellement, mais sur zoom

Tous les livres que nous choisissons d’un commun accord sont disponibles chez Schœnhof à 50% de remise, si vous indiquez que vous faites partie du groupe. Commander soit sur internet (weborders@schoenhofs.com), soit en téléphonant à Alice (847-676-1596 x205).
Pour vous mettre sur la liste de diffusion du groupe, envoyer un courriel à Brian.

 

Programme du printemps 2022

Le 31 mars: Manon des sources de Marcel Pagnol. 

 

Le 28 avril: La Vie devant soi de Emile Ajar (Romain Gary)

 

Le 26 mai: L’Anomali de Hervé le Tellier      

Le groupe se retrouve depuis quelque 18 ans le premier jeudi du mois (mars, avril, mai, octobre, novembre, décembre), de 18h15 à 20h00. Nous lisons des romans modernes (XXe et XXIe) écrits en français, mais venant de pays très variés. Nous les discutons autour d’un verre et de quoi se mettre sous la dent. Le groupe est très hétéroclite – 15 nationalités jusqu’ici – et tout aussi sympathique. Aucune inscription n’est nécessaire, mais il est préférable d’avoir lu le livre discuté. NOTEZ que depuis le covid, nous nous retrouvons plus fréquemment, mais sur zoom...

Schœnhof’s, librairie de livres étrangers à Harvard Square, ayant fermé ses portes fin mars 2017, nous avons dû délocaliser notre groupe de lecture francophone animé par notre ancien président, Brian Thompson. Depuis l’automne 2017, nous nous retrouvions dans la Dana Palmer House, siège du département de Littérature comparée de Harvard, sise au 16 Quincy Street, à 400 mètres de Harvard Square.

Tous les livres que nous choisissons d’un commun accord sont disponibles chez Schœnhof à 50% de remise, si vous indiquez que vous faites partie du groupe. Commandez soit sur internet (weborders@schoenhofs.com), soit en téléphonant à Alice (847-676-1596 x205).
Pour vous mettre sur la liste de diffusion du groupe, être informé des livres à lire et participer à leur choix, envoyer un courriel à Brian.

Lectures récentes

Jean de Florette de Marcel Pagnol

Au village des Bastides Blanches, on hait ceux de Crespin. C’est pourquoi lorsque Jean Cadoret, le Bossu, s’installe à la ferme, des Romarins, on ne. lui parle pas de la source cachée. Ce qui facilite les manoeuvres des Soubeyran, le Papet et son neveu Ugolin., qui veulent. lui racheter son domaine à bas prix…

Jean de Florette (1962), premier volume clé L’Eau des collines, marque, trente, ans après Pirouettes, le retour de Pagnol au roman. C’est l’épopée de l’eau nourricière sans laquelle rien n’est possible.
Marcel Pagnol y développe l’histoire du père de Manon, évoquée sous forme de flash-back dans le film Manon des sources (1952). Les dialogues sont savoureux, et la prose aussi limpide que dans les Souvenirs d’enfance. Quant, au Papet et à Ugolin, à la fois drôles et terrifiants, ils sont parmi les créations les plus complexes de Pagnol.

« Tu comprends, s’ils avaient bu l’eau de la citerne, c’est sûr qu’ils seraient morts tous les trois, et moi ça m’aurait embêté. D’avoir bouché la source, c’est pas criminel : c’est pour les oeillets. Mais si, à cause de ça, il y avait des morts, eh bien peut-être qu’après nous n’en parlerions pas, mais nous y penserions. »

De purs hommes de Mohamed Mbougar Sarr

« Tout part d’une vidéo virale, au Sénégal. On y voit comment un cadavre est déterré, puis traîné hors d’un cimetière par une foule. Dès qu’il la visionne, Ndéné Gueye, jeune professeur de lettres déçu par l’enseignement et fatigué de l’hypocrisie morale de sa société, devient préoccupé, voire obsédé par cet événement. De qui s’agissait-il ? Pourquoi avoir exhumé le corps ? À ces questions, une seule réponse : c’était un góor-jigéen, un « homme-femme ». Autrement dit, un homosexuel. Ndéné se met à la recherche du passé de cet homme. Autour de lui, dans le milieu universitaire comme au sein de sa propre famille, les suspicions et les rumeurs naissent…

Un roman bouleversant sur la seule grande question qui vaille aux yeux de son héros : comment trouver le courage d’être pleinement soi, sans se trahir ni se mentir, et quel qu’en soit le prix ? » [notice de l’éditeur]

Éblouissant. Les Inrockuptibles.

De ce roman intelligent et incandescent, on ressort l’esprit chaviré et en éveil. Lire.

Un certain M. Piekielny de François-Henri Désérable

François-Henri Désérable est né en 1987 à Amiens. Ancien joueur de hockey sur glace professionnel et doctorant en droit, il est entré en littérature à vingt-cinq ans avec Tu montreras ma tête au peuple, recueil de nouvelles sur la Révolution française, couronné par plusieurs prix littéraires. Evariste, son premier roman, a reçu de nombreux prix dont celui des Lecteurs L’Express-BFMTV 2015 et a été élu « révélation française de l’année 2015 » par le magazine Lire. Un certain M. Piekielny a paru en 2017 et a été récompensé par le Grand Prix de littérature de la ville de Saint-Etienne.

L’Immoraliste d’André Gide

« Un matin, j’eus une curieuse révélation sur moi-même : Moktir, le seul des protégés de ma femme qui ne m’irritât point, était seul avec moi dans ma chambre. Je me tenais debout auprès du feu, les deux coudes sur la cheminée, devant un livre, et je paraissais absorbé, mais pouvais voir se refléter dans la glace les mouvements de l’enfant à qui je tournais le dos. Une curiosité que je ne m’expliquais pas bien me faisait surveiller ses gestes. Moktir ne se savait pas observé et me croyait plongé dans la lecture. Je le vis s’approcher sans bruit d’une table où Marceline avait posé, près d’un ouvrage, une paire de petits ciseaux, s’en emparer furtivement, et d’un coup les engouffrer dans son burnous. »

Né le 22 novembre 1869 à Paris, André Gide fait partie de l’entourage littéraire de Mallarmé et de Valéry dès 1891. Il fonde avec quelques amis La Nouvelle Revue Française en 1908, donnant trois ans plus tard aux Éditions de la N.R.F. l’une de leurs toutes premières publications, Isabelle. Par son oeuvre, ses prises de position, ses nombreuses amitiés et ses voyages, il exerce durant l’entre-deux-guerres et au-delà un véritable magistère. Il reçoit le prix Nobel de Littérature en 1947 et meurt à Paris le 19 février 1951.

https://youtu.be/2QrBA78e05c (Gide et Jean Amrouche, 1965)

https://youtu.be/LC7H35bcHiQ (L’Immoraliste et La Porte étroite)

https://youtu.be/rIlZgCsGdIA. (Gide, par Henri Queffélec, 1969)

Ru de Kim Thúy (Viêtnam/Québec)

« Une femme voyage à travers le désordre des souvenirs : l’enfance dans sa cage d’or à Saigon, l’arrivée du communisme dans le Sud-Vietnam apeuré, la fuite dans le ventre d’un bateau au large du golfe de Siam, l’internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, les premiers frissons dans le froid du Québec. Récit entre la guerre et la paix, Ru dit le vide et le trop-plein, l’égarement et la beauté. De ce tumulte, des incidents tragicomiques, des objets ordinaires émergent comme autant de repères d’un parcours. En évoquant un bracelet en acrylique rempli de diamants, des bols bleus cerclés d’argent, Kim Thuy restitue le Vietnam d’hier et d’aujourd’hui avec la maîtrise d’un grand écrivain. » [amazon.fr]

Les Hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra (Algérie)

« Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femme, là des exécutions publiques, les Taliban veillent. La joie et le rire sont suspects. Atiq, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, traîne sa peine. Le goût de vivre a également abandonné Mohsen, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate, plus belle que le ciel, est désormais condamnée à l’obscurité grillagée du tchadri. Alors Kaboul, que la folie guette, n’a plus d’autres histoires à offrir que des tragédies. Le printemps des hirondelles semble bien loin encore… » [amazon.fr]

 » Un cri déchirant au coeur de la nuit de l’obscurantisme.  » [Alexandra Lemasson – Le Magazine littéraire]

Yasmina Khadra est né le 10 janvier 1955 à Kenadsa, un village séculaire aux portes du Sahara algérien. À 9 ans, son père le confie à l’institution militaire où il passera trente-six ans de sa vie. Descendant d’une longue lignée de poètes, il écrivit sa première nouvelle à l’âge de 11 ans, et son premier recueil à l’âge de 17 ans, qui paraîtra au début des années 1980 sous son vrai nom, Mohammed Moulessehoul, aux éditions Enal-Alger. Il est aujourd’hui plus connu sous les deux prénoms de son épouse : Yasmina Khadra.

https://youtu.be/ljZ_gAsRIUY (film d’animation de Zabou Breitman et de Éléa Gobbé-Mévellec

https://youtu.be/EpIwTotrRCU (recension des ‘reading sisters’)

https://youtu.be/xcsyGB8evD8 (critique du film)

https://youtu.be/L4xv-vYPIEw (“un certain regard” sur le film)

https://youtu.be/PU7v_4goR-0 (mise en parallèle du film avec “La Ligne rouge”)

Le Pays des autres de Leïla Slimani (Maroc/France)

« “Ici, c’est comme ça.” Cette phrase, elle l’entendrait souvent. À cet instant précis, elle comprit qu’elle était une étrangère, une femme, une épouse, un être à la merci des autres. »En 1944, Mathilde tombe amoureuse d’Amine, un Marocain venu combattre dans l’armée française. Rêvant de quitter son Alsace natale, la jeune femme s’installe avec lui à Meknès pour y fonder une famille. Mais les désillusions s’accumulent : le manque d’argent, le racisme et les humiliations fragilisent leur couple. Dans ce pays ambivalent, qui réclame une indépendance que les hommes refusent pourtant aux femmes, Mathilde réussira-t-elle à poursuivre sa quête de liberté sans heurter ceux qu’elle aime ? »

En 1944, Mathilde, une jeune Alsacienne, s’éprend d’Amine Belhaj, un Marocain combattant dans l’armée française. Après la Libération, le couple s’installe au Maroc à Meknès, ville de garnison et de colons. Tandis qu’Amine tente de mettre en valeur un domaine constitué de terres rocailleuses et ingrates, Mathilde se sent vite étouffée par le climat rigoriste du Maroc. Seule et isolée à la ferme avec ses deux enfants, elle souffre de la méfiance qu’elle inspire en tant qu’étrangère et du manque d’argent. Le travail acharné du couple portera-t-il ses fruits ? Les dix années que couvre le roman sont aussi celles d’une montée inéluctable des tensions et des violences qui aboutiront en 1956 à l’indépendance de l’ancien protectorat. Tous les personnages de ce roman vivent dans « le pays des autres » : les colons comme les indigènes, les soldats comme les paysans ou les exilés. Les femmes, surtout, vivent dans le pays des hommes et doivent sans cesse lutter pour leur émancipation. Après deux romans au style clinique et acéré, Leïla Slimani, dans cette grande fresque, fait revivre une époque et ses acteurs avec humanité, justesse, et un sens très subtil de la narration.

Leïla Slimani, née le 3 octobre 1981 à Rabat au Maroc, d’une mère franco-algérienne et d’un père marocain, est une journaliste et écrivain franco-marocaine.

Élève du lycée français de Rabat, Leïla Slimani grandit dans une famille d’expression française. Son père, Othman Slimani, est banquier ; sa mère est médecin ORL, mi-alsacienne, mi-algérienne. En 1999, elle vient à Paris pour ses études où elle est diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris. Elle s’essaie au métier de comédienne (Cours Florent), puis décide de compléter ses études à ESCP Europe pour se former aux médias. A cette occasion, elle rencontre Christophe Barbier, alors parrain de sa promotion, qui lui propose un stage à L’Express. Finalement, elle est engagée au magazine Jeune Afrique en 2008 et y traite des sujets touchant à l’Afrique du Nord.

En 2014, elle publie son premier roman aux éditions Gallimard, Dans le jardin de l’ogre. Le sujet (l’addiction sexuelle féminine) et l’écriture sont remarqués par la critique et l’ouvrage est sélectionné pour le prix de Flore 2014. Son deuxième roman, Chanson douce, obtient le prix Goncourt 2016.

Les belles images de Simone de Beauvoir

«  »Non » ; elle a crié tout haut. Pas Catherine. Je ne permettrai pas qu’on lui fasse ce qu’on m’a fait. Qu’a-t-on fait de moi ? Cette femme qui n’aime personne, insensible aux beautés du monde, incapable même de pleurer, cette femme que je vomis. Catherine : au contraire lui ouvrir les yeux tout de suite et peut-être un rayon de lumière filtrera jusqu’à elle, peut-être elle s’en sortira… De quoi ? De cette nuit. De l’ignorance, de l’indifférence. » (Quatrième de couverture)

« Ce très bon roman commence par une réception un peu guindée chez Dominique Langlois, histoire de nous mettre dans l’ambiance et comprendre dans quel monde on va évoluer par la suite. Un nombre impressionnant de personnages passent et repassent et l’on se sent un peu perdu, mais pas d’inquiétude à avoir, on va s’y retrouver au fil des pages.
Pourquoi est-ce qu’on existe ? C’est la question profondément métaphysique que la petite Catherine âgée de dix ans pose à Laurence sa mère tandis que la petite Louise sa sœur cadette dessine dans son coin. (Laurence est l’une des filles de Dominique Langlois). Question embarrassante à la quelle Laurence ne sait répondre que par de vagues circonlocutions et il ne peut en être autrement vu l’âge de l’enfant. Laurence fait part à Jean Charles, son mari, de l’angoisse existentielle de leur fille qui pourtant est une enfant gaie, en bonne santé et brillante à l’école. Au sein d’une famille aisée et sans problème, la petite n’a aucune raison de s’inquiéter. Cette interrogation de Catherine mène Laurence à se remémorer son enfance et son adolescence marquées elles aussi par des questions existentielles, car elle n’aimait personne. Aujourd’hui encore, « elle est une femme qui n’aime personne, insensible aux beautés du monde, incapable même de pleurer…, indifférente. » (lecteur sur amazon.fr)


Le Nœud de vipères de François Mauriac

De la haine, de la colère, de l’aigreur : voilà tout le fiel dont dégouline le coeur du vieil homme qui meurt, et qui décrit celui-ci comme un « noeud de vipères […] saturé de leur venin ». Vingt-trois ans de haine silencieuse qui éclate dans la lettre qu’il laisse à sa famille : l’heure est venue de régler les comptes. D’accuser et de punir : vingt-trois ans plus tôt donc, il avait cru faire un mariage d’amour avec Isa, demoiselle Fondaudège, en même temps qu’il accédait enfin à la reconnaissance sociale. Mais très vite, Isa l’avait détrompé : elle avait épousé l’argent, et non l’homme. De là était née une haine permanente et indélébile : toute sa vie, il avait abominé chacun des membres de cette famille, jusqu’à ses propres enfants, qui le lui avaient bien rendu. Et à présent, il allait leur faire payer toutes ces années, en les privant de l’héritage sans lequel ils ne pourraient pas vivre. (amazon.fr)

Récit d’une vengeance, récit d’une âme noire : Mauriac nous livre une fascinante autopsie du coeur humain. –Karla Manuele

« Un célèbre petit bijou de la littérature française, qui aborde, sous couvert de longue confession d’un vieil avare acariâtre qui cherche à déshériter une « famille aux aguets, qui attend le moment de la curée », le thème de la rédemption mystique. Lettre chrétienne à peine voilée, écrite par un anticlérical un peu trop convaincu, d’une profonde vérité, d’une force rarement égalée. Dans le registre « famille je vous hais », on a rarement fait mieux. Rancunes, coups bas, crocs-en-jambe, la haine est ici poussée au rang d’art sous une plume trempée dans l’acide sulfurique. Des êtres proches et pourtant inconnus les uns des autres comme d’eux-mêmes se déchirent devant nous, sans savoir exactement ce qu’il haïssent. Mais ces ténèbres du coeur menacent d’être déchirés par une étrange lumière lorsque la haine perd son objet… et soudain, la renaissance devant l’abîme. » (lecteur sur amazon.fr)

« Oh, ne crois surtout pas que je me fasse de moi-même une idée trop haute. Je connais mon coeur, ce coeur, ce noeud de vipères : étouffé sous elles, saturé de leur venin, il continue de battre au-dessous de ce grouillement. Ce noeud de vipères qu’il est impossible de dénouer, qu’il faudrait trancher d’un coup de couteau, d’un coup de glaive : Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive. »

La Condition humaine d’André Malraux

« Outre l’irréductible échéance liée à la mort, outre les multiples et indicibles souffrances, n’est-il pas donné à tous de choisir son destin ? Certes la vie est tragique mais elle doit avoir un sens. Un sens, peut-être des sens, mais seuls quelques-uns aux vertus salvatrices s’offrent aux hommes pour les affranchir de leur condition. La Révolution, au nom d’une foi en la fraternité, est une arme tournée contre la misère, celle qui enchaîne l’homme parce qu’elle le prive de sa dignité. Vaincre l’humiliation en leur nom propre ou pour les autres par le biais de la Révolution, voici le combat que se sont choisis les héros de La Condition humaine. Pour échapper à l’angoisse de « n’être qu’un homme », l’amour est un autre de ces moyens, mais seul l’amour véritable et fusionnel qu’éprouvent Kyo et May l’un pour l’autre est susceptible de briser la profonde solitude des êtres. Misérable humanité, humanité héroïque et grandiose, c’est « la condition humaine »… Elle résonnera à jamais comme un écho au fond de soi, tant il est vrai que ce roman est « d’une intelligence admirable et, malgré cela, profondément enfoncé dans la vie, engagé, et pantelant d’une angoisse parfois insoutenable », comme l’avait écrit Gide. » –Lenaïc Gravis et Jocelyn Blériot, site amazon.fr

André Malraux (1901-1976) connaît le succès en 1928 avec Les Conquérants. Grand voyageur, résistant, ministre des Affaires culturelles durant plus de vingt ans, il organise pour la Bibliothèque de la Pléiade son oeuvre en trois ensembles : les romans (La Condition humaine – prix Goncourt 1933 –, L’Espoir), les écrits sur l’art (Les Voix du silence, La Métamorphose des dieux), Le Miroir des limbes réunissant ses textes de mémorialiste. Ses cendres sont transférées au Panthéon en 1996. Brian a écrit sa thèse (Harvard, 1970) sur « Vision et cécité dans les romans de Malraux » et l’a interviewé deux fois en profondeur par la suite.


L’Enfant noir de Camara Laye

L’enfant noir grandit dans un village de Haute-Guinée où le merveilleux côtoie quotidiennement la réalité. Son père, forgeron, travaille l’or au rythme de la harpe des griots et des incantations aux génies du feu et du vent. Respectée de tous, sa mère jouit de mystérieux pouvoirs sur les êtres et les choses. Elle sait détourner les sortilèges et tenir à l’écart les crocodiles du fleuve Niger. Aîné de la famille, le petit garçon est destiné à prendre la relève de son père à l’atelier et, surtout, à perpétuer l’esprit de sa caste au sein du village. Mais son puissant désir d’apprendre l’entraînera inéluctablement vers d’autres horizons, loin des traditions et des coutumes de son peuple.

Écrivain guinéen, Camara Laye naît le 1er janvier 1928 à Kouroussa, un village de Haute-Guinée. Après des études à l’école française, il part à Conakry, la capitale, poursuivre sa scolarité. Titulaire d’un C.A.P. de mécanicien, il tente, sans succès, de devenir ingénieur en France. Il publie alors L’Enfant noir, son premier roman, en 1953 et, un an plus tard, Le Regard du roi. En 1956, à l’époque où la Guinée s’apprête à devenir indépendante, il retourne à Conakry. Jusqu’en 1963, il occupe des fonctions importantes au ministère de l’Information avant de s’exiler définitivement au Sénégal devant la dérive dictatoriale du régime de Sékou Touré qu’il dénoncera en 1966 dans Dramouss, son dernier roman.
Également auteur du Maître de la parole, un recueil de contes griots qui retracent la genèse du Mali, Camara Laye est mort à Dakar, le 4 février 1980.

Une vie de boy de Ferdinand Oyono

Un jeune Noir élevé par un Père Blanc a pris, à l’instar de son maître, l’habitude de tenir un journal. Dès lors, il enregistre tout ce qui se passe dans le milieu des colons où, à la mort du Père Blanc, il est devenu le  » boy  » de l’administrateur des colonies, le  » commandant  » de l’endroit. Rien ne lui échappe. Il découvre deux mondes nouveaux, foncièrement différents, aveuglés par leurs préjugés, et amenés à coexister : le Quartier Noir, un village pauvre dans la ville, la Résidence, une ville opulente où vivent les Blancs.

Mêlé à tous, il rapporte les actes et les conversations de ses maîtres et de leurs amis, les jugements de ses camarades domestiques, les drames et les passions des uns et des autres.

Ferdinand Oyono, romancier camerounais francophone, est né en 1929 à N’Goulémakong. Il suit des études de droit et de sciences politiques à Paris, tout en écrivant ses premiers romans : Une vie de boy (Julliard, 1956) et Le Vieux Nègre et la médaille (Julliard, 1956). Après la publication de Chemin d’Europe, en 1960, Ferdinand Oyono obtient d’importantes fonctions diplomatiques : il est nommé ambassadeur du Cameroun à Paris de 1964 à 1975, puis représentant permanent auprès des Nations unies pendant huit ans, avant de rejoindre le Cameroun où il a exercé des fonctions ministérielles jusqu’à son décès à Yaoundé, en juin 2010.

La Peste d’Albert Camus

« C’est moi qui remplace la peste », s’écriait Caligula, l’empereur dément. Bientôt, la « peste brune » déferlait sur l’Europe dans un grand bruit de bottes. France déchirée aux coutures de Somme et de Loire, troupeaux de prisonniers, esclaves voués par millions aux barbelés et aux crématoires, La Peste éternise ces jours de ténèbres, cette « passion collective » d’une Europe en folie, détournée comme Oran de la mer et de sa mesure.

Sans doute la guerre accentue-t-elle la séparation, la maladie, l’insécurité. Mais ne sommes-nous pas toujours plus ou moins séparés, menacés, exilés, rongés comme le fruit par le ver ? Face aux souffrances comme à la mort, à l’ennui des recommencements, La Peste recense les conduites ; elle nous impose la vision d’un univers sans avenir ni finalité, un monde de la répétition et de l’étouffante monotonie, où le drame même cesse de paraître dramatique et s’imprègne d’humour macabre, où les hommes se définissent moins par leur démarche, leur langage et leur poids de chair que par leurs silences, leurs secrètes blessures, leurs ombres portées et leurs réactions aux défis de l’existence.
La Peste sera donc, au gré des interprétations, la « chronique de la résistance » ou un roman de la permanence, le prolongement de L’Étranger ou « un progrès » sur L’Étranger, le livre des « damnés » et des solitaires ou le manuel du relatif et de la solidarité – en tout cas, une œuvre pudique et calculée qu’Albert Camus douta parfois de mener à bien, au cours de sept années de gestation, de maturation et de rédaction difficiles…

Les Oubliés du dimanche de Valérie Perrin

Prix Choix des libraires Littérature 2018

Justine, vingt et un ans, vit chez ses grands-parents avec son cousin Jules depuis la mort de leurs parents respectifs dans un accident. Justine est aide-soignante aux Hortensias, une maison de retraite, et aime par-dessus tout les personnes âgées. Notamment Hélène, centenaire, qui a toujours rêvé d’apprendre à lire. Les deux femmes se lient d’amitié, s’écoutent, se révèlent l’une à l’autre. Grâce à la résidente, Justine va peu à peu affronter les secrets de sa propre histoire. Un jour, un mystérieux « corbeau » sème le trouble dans la maison de retraite et fait une terrible révélation.
À la fois drôle et mélancolique, un roman d’amours passées, présentes, inavouées… éblouissantes.

« Justine est aide soignante dans une maison de retraite. Dans cet établissement les visites sont plutôt espacées, jusqu’à ce qu’un corbeau annonce la mort de quelqu’un, d’où l’arrivée massive des familles qui comble de bonheur ces oubliés du dimanche. Elle n’a que vingt et un ans, mais elle aime bien ses « vieux » et tout particulièrement une des pensionnaires, Hélène, pour qui elle se prend d’affection, au point de reconstituer sa vie dans un cahier bleu.Un vrai roman que cette vie, un magnifique roman d’amour. Qui s’imbrique parfaitement dans la vie de Justine. Cette très jolie histoire m’a ravie. Bien écrit, fluide, , il y a tout: le romanesque, l’humain, le suspense léger, beaucoup de poésie aussi. J’ai beaucoup aimé la finesse de l’auteur pour parler simplement de choses graves.. J’ai trouvé ce récit reposant après mes précédentes lectures ». [lecteur, amazon.fr]


La Statue de sel d’Albert Memmi

« Voici un écrivain français de Tunisie qui n’est ni français ni tunisien… Il est juif (de mère berbère, ce qui ne simplifie rien) et sujet tunisien… Cependant, il n’est pas réellement tunisien, le premier pogromme où les Arabes massacrent les juifs le lui démontre. Sa culture est française… Cependant, la France de Vichy le livre aux Allemands, et la France libre, le jour où il veut se battre pour elle, lui demande de changer la consonance judaïque de son nom. Il ne lui resterait plus que d’être vraiment juif si, pour l’être, il ne fallait partager une foi qu’il n’a pas et des traditions qui lui paraissent ridicules.Que sera-t-il donc pour finir ? On serait tenté de dire un écrivain. » Albert Camus.

Dans cette introduction, il souligne aussi les difficultés, les ambiguïtés de vivre en terre coloniale « Nous, Français et indigènes d’Afrique du Nord, nous restons ainsi ce que nous sommes, aux prises avec des contradictions qui ensanglantent aujourd’hui nos villes et dont nous ne triompherons pas en les fuyant mais en les vivant jusqu’au bout »
C’est un récit tantôt drôle, tantôt poignant , mais aussi agressif, violence qui traduit parfaitement le ressenti d’Albert Memmi.

Failles de Yanick Lahens

« Le 12 janvier 2010 à 16 heures 53 minutes, dans un crépuscule qui cherchait déjà ses couleurs de fin et de commencement, Port-au-Prince a été chevauchée moins de quarante secondes par un de ces dieux dont on dit qu’ils se repaissent de chair et de sang. Chevauchée sauvagement avant de s’écrouler cheveux hirsutes, yeux révulsés, jambes disloquées, sexe béant, exhibant ses entrailles de ferraille et de poussière, ses viscères et son sang. Livrée, déshabillée, nue, Port-au-Prince n’était pourtant point obscène. Ce qui le fut, c’est sa mise à nu forcée. Ce qui fut obscène et le demeure, c’est le scandale de sa pauvreté. Y. L. Sitôt sortis de l’hébétude, les survivants de la catastrophe ont pensé « refondation » : Yanick Lahens, avec eux, a repris le travail, l’inlassable travail des mots. Ce court récit, mû par la double nécessité de dire l’horreur et de la surmonter, en témoigne. Déambulant dans les rues de sa ville détruite, l’écrivain part de sa propre expérience : avant le séisme, elle projetait d’écrire un roman d’amour. Revisitant le décor ravagé de sa fiction, elle est saisie par l’histoire immédiate. Comment écrire, s’interroge-t-elle, sans exotiser le malheur, sans en faire une occasion de racolage ? Texte de témoignage, texte animé par l’urgence, texte de compassion et de réflexion aussi, Failles désigne l’innommable qu’a été le 12 janvier 2010 en Haïti. Mais il tente aussi de prévenir de l’irresponsabilité qui consisterait pour les Haïtiens à ne pas changer leurs perceptions et leurs comportements. Ses analyses restent en cela, des années après le séisme, d’une grande pertinence et d’une criante actualité. Pour Yanick Lahens en effet, la faille géologique qui a englouti Port-au-Prince interdit de faire comme si les autres failles – sociale, politique, économique – n’existaient pas. Il n’y a pas de fatalité dans le malheur du peuple haïtien, ni même dans les carences des élites et la mainmise des organisations internationales : telle est la conviction de l’écrivain qui, malgré le tableau sans complaisance qu’elle brosse de la réalité de son pays, insuffle à ses pages une formidable force de vie. »

La Place d’Annie Ernaux

‘Enfant, quand je m’efforçais de m’exprimer dans un langage châtié, j’avais l’impression de me jeter dans le vide.
Une de mes frayeurs imaginaires, avoir un père instituteur qui m’aurait obligée à bien parler sans arrêt en détachant les mots. On parlait avec toute la bouche.
Puisque la maîtresse me reprenait, plus tard j’ai voulu reprendre mon père, lui annoncer que se parterrer ou quart moins d’onze heures n’existaient pas. Il est entré dans une violente colère. Une autre fois : Comment voulez-vous que je ne me fasse pas reprendre, si vous parlez mal tout le temps ! Je pleurais. Il était malheureux. Tout ce qui touche au langage est dans mon souvenir motif de rancœur et de chicanes douloureuses, bien plus que l’argent.’

« Récit autobiographique narrant son intégration sociale, par flashback, au moment du décès de son père. Emouvant, bien écrit, touchant, j’ai beaucoup aimé. » (lecteur, sur amazon.fr)

Les Loyautés de Delphine de Vigan

« J’ai pensé que le gamin était maltraité, j’y ai pensé très vite, peut-être pas les premiers jours mais pas longtemps après la rentrée, c’était quelque chose dans sa façon se tenir, de se soustraire au regard, je connais ça, je connais ça par cœur, une manière de se fondre dans le décor, de se laisser traverser par la lumière. Sauf qu’avec moi, ça ne marche pas.»

Théo, enfant du divorce, entraîne son ami Mathis sur des terrains dangereux. Hélène, professeur de collège à l’enfance violentée, s’inquiète pour Théo : serait-il en danger dans sa famille ?
Quant à Cécile, la mère de Mathis, elle voit son équilibre familial vaciller, au moment où elle aurait besoin de soutien pour protéger son fils.
Les loyautés sont autant de liens invisibles qui relient et enchaînent ces quatre personnages.

Delphine de Vigan est notamment l’auteure de No et moi (Prix des libraires), de Rien ne s’oppose à la nuit (Prix du roman Fnac, Prix du roman France Télévisions, prix Renaudot des lycéens et Grand Prix des lectrices de Elle) et D’Après une histoire vraie (Prix Renaudot, Prix Goncourt des lycéens). Ses romans sont traduits dans plus d’une vingtaine de langues.

Grand frère de Mahir Guven

Grand frère est chauffeur de VTC. Enfermé onze heures par jour dans sa  » carlingue « , branché en permanence sur la radio, il rumine sur sa vie et le monde qui s’offre à lui de l’autre côté du pare-brise.
Petit frère est parti par idéalisme en Syrie depuis de nombreux mois. Engagé comme infirmier par une organisation humanitaire musulmane, il ne donne plus aucune nouvelle.
Ce silence ronge son père et son frère, suspendus à la question restée sans réponse : pourquoi est-il parti ?
Un soir, l’interphone sonne. Petit frère est de retour.
Dans ce premier roman incisif, Mahir Guven alterne un humour imagé et une gravité qu’impose la question du terrorisme. Il explore un monde de travailleurs uberisés, de chauffeurs écrasés de solitude, luttant pour survivre, mais décrit aussi l’univers de ceux qui sont partis faire le djihad en Syrie : l’embrigadement, les combats, leur retour impossible en France… Émerge ainsi l’histoire poignante d’une famille franco-syrienne, dont le père et les deux fils tentent de s’insérer dans une société qui ne leur offre pas beaucoup de chances.

 » La vie ? J’ai appris à la tutoyer en m’approchant de la mort. Je flirte avec l’une, en pensant à l’autre. Tout le temps, depuis que l’autre chien, mon sang, ma chair, mon frère, est parti loin, là-bas, sur la terre des fous et des cinglés. Là où pour une cigarette grillée, on te sabre la tête. En Terre sainte. Dans le monde des gens normaux, on dit  » en Syrie ‘, avec une voix étouffée et le regard grave, comme si on parlait de l’enfer. Le départ du petit frère, ça a démoli le daron. « 

Eldorado de Laurent Gaudé

 » Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes.  » Pour fuir leur misère et rejoindre l' » Eldorado « , les émigrants risquent leur vie sur des bateaux de fortune… avant d’être impitoyablement repoussés par les gardes-côtes, quand ils ne sont pas victimes de passeurs sans scrupules. Le commandant Piracci fait partie de ceux qui sillonnent les mers à la recherche de clandestins, les sauvant parfois de la noyade. Mais la mort est-elle pire que le rêve brisé ? En recueillant une jeune survivante, Salvatore laisse la compassion et l’humanité l’emporter sur ses certitudes… Voyage initiatique, sacrifice, vengeance, rédemption : le romancier au lyrisme aride manie les thèmes de la tragédie antique avec un souffle toujours épique. L’Express
« Roman magnifique et bouleversant de Laurent Gaude sur les réfugiés et l’immigration clandestine qui se passe entre la Sicile et l’Afrique du Nord. Les portraits de personnages sont très bien faits et les situations très bien documentées. Le personnage du commandant qui décide de tout laisser tomber pour changer sa vie nous laisse une trace durable tout comme cette femme qui souhaite retourner dans son pays pour retrouver le réseau responsable de son malheur. Ce récit se lit par séquences brèves toutes aussi prenantes les unes que les autres. L’histoire des deux frères quittant ensemble la Syrie est également bouleversante et nous rappelle le conflit armé et meurtrier qui y est présent depuis de nombreuses années. On notera également un très beau chapitre sur Lampedusa et son cimetière qui ne sera bientôt plus suffisant pour accueillir tous les corps des morts noyés en mer. » [critique de lecteur, Amazon.fr]
Notre-Dame du Nil de Scholastique Mukasonga


«Il n’y a pas de meilleur lycée que le lycée Notre-Dame du Nil. Il n’y en a pas de plus haut non plus. 2 500 mètres annoncent fièrement les professeurs blancs. 2 493, corrige sœur Lydwine, la professeure de géographie. “On est si près du ciel”, murmure la mère supérieure en joignant les mains.» Rwanda, début des années 1970. Au lycée Notre-Dame du Nil, près des sources du grand fleuve égyptien, de jeunes filles en fleurs se préparent à devenir de bonnes épouses, de bonnes mères, de bonnes Chrétiennes. Mais sous le calme apparent couve la haine raciale. Un quota «ethnique» limite à 10 % le nombre des élèves tutsi, les persécutions se multiplient et voici que s’approchent les nervis du pouvoir… Rescapée du massacre des Tutsi, Scholastique Mukasonga nous offre une œuvre poignante, où des adolescentes aux mains nues tentent d’échapper à une Histoire monstrueuse.

Scholastique Mukasonga, née au Rwanda, vit et travaille en Basse-Normandie. Son premier ouvrage, Inyenzi ou les Cafards, a obtenu la reconnaissance de la critique et a touché un large public ; le deuxième, La Femme aux pieds nus, a remporté le prix Séligmann 2008 « contre le racisme, l’injustice, et l’intolérance », le troisième, L’Iguifou, a été couronnée par le prix Renaissance de la nouvelle 2011 et le quatrième, Notre-Dame du Nil, par le prix Renaudot 2012.
Entendez-vous dans les montagnes… de Maïssa Bey
Maïssa Bey met en mots l’indicible : la mort de son père sous la torture pendant la guerre d’Indépendance – elle-même n’avait alors que sept ans. Avec ce récit magnifique et émouvant, sobre et dénué de haine, l’écrivain nous donne une leçon magistrale.
Maïssa Bey vit à Sidi Bel Abbes, en Algérie. L’essentiel de son oeuvre est publié chez le même éditeur.
« Maïssa Bey a énormément de mal à dire, à pauser des mots sur sa douleur, son exil. Et elle n’est pas seule… puisqu’il s’agit de l’Algérie.
Trois personnages se rencontrent par hasard dans un train… Mais il n’y a pas de hasard, pas de chance dans un roman. Tout a un sens. En l’occurrence, Maïssa Bey va immédiatement vers l’émotion. Puis, au fil des conversations entre ces protagonistes liés fortement ou insidieusement à la guerre d’indépendance de l’Algérie, elle tente d’expliquer ses fameuses émotions qu’elle arrive si bien à retranscrire.
Court et très dense, ce récit est une merveille de la littérature… Bonne lecture ! » [critique de lecteur]

Nedjma, de Kateb Yacine

« Les violences de leur patron, la suspicion et les insultes des Blancs sont leur lot quotidien. Dans l’Algérie française, quatre descendants berbères servent comme manœuvres sur des chantiers ; quand la nuit tombe, ils laissent parler leur révolte et s’en prennent aux colons. Seule Nedjma, fascinante métisse née de leur terre adorée et de cette France ingrate et dominatrice, parvient à les apaiser.  » N’y a-t-il que le crime pour assassiner l’injustice ?  » » (Présentation de l’éditeur)

Poète, romancier, journaliste et militant pour l’indépendance de l’Algérie, son thème de prédilection, Kateb Yacine (1929-1989) est notamment l’auteur de L’Homme aux sandales de caoutchouc, Le Cercle des représailles et Le Polygone étoilé, tous trois disponibles en Points.

 » Nedjma est sans conteste le texte fondamental de la littérature algérienne de langue française. « 
(Tahar Djalout)

Le Ventre de l’Atlantique de Fatou Diome

« Salie vit en France. Son frère, Madické, rêve de l’y rejoindre et compte sur elle. Mais comment lui expliquer la face cachée de l’immigration, lui qui voit la France comme une terre promise où réussissent les footballeurs sénégalais, où vont se réfugier ceux qui, comme Sankèle, fuient leur destin tragique ? Comment empêcher Madické et ses camarades de laisser courir leur imagination, quand l’homme de Barbès, de retour au pays, gagne en notabilité, escamote sa véritable vie d’émigré et les abreuve de récits où la France passe pour la mythique Arcadie ? Les relations entre Madické et Salie nous dévoilent l’inconfortable situation des  » venus de France « , écrasés par les attentes démesurées de ceux qui sont restés au pays et confrontés à la difficulté d’être l’autre partout. Distillant leurre et espoir, Le Ventre de l’Atlantique charrie entre l’Europe et l’Afrique des destins contrastés, saisis dans le tourbillon des sentiments contraires, suscités par l’irrésistible appel de l’Ailleurs. Car, même si la souffrance de ceux qui restent est indicible, il s’agit de partir, voguer, libre comme une algue de l’Atlantique. Ce premier roman, sans concession, est servi par une écriture pleine de souffle et d’humour. » (Présentation de l’éditeur)

Babylone de Yasmina REZA

« Tout le monde riait. Les Manoscrivi riaient. C’est l’image d’eux qui est restée. Jean-Lino, en chemise parme, avec ses nouvelles lunettes jaunes semi-rondes, debout derrière le canapé, empourpré par le champagne ou par l’excitation d’être en société, toutes dents exposées. Lydie, assise en dessous, jupe déployée de part et d’autre, visage penché vers la gauche et riant aux éclats. Riant sans doute du dernier rire de sa vie. Un rire que je scrute à l’infini. Un rire sans malice, sans coquetterie, que j’entends encore résonner avec son fond bêta, un rire que rien ne menace, qui ne devine rien, ne sait rien. Nous ne sommes pas prévenus de l’irrémédiable ». (Présentation de l’éditeur)

« Bien que légèrement inférieur à son théâtre, la littérature romanesque de Yasmina Reza n’en reste pas moins excellente. On adore la finesse de la construction psychologique des personnages, le regard plein d’intelligence de l’auteur sur les faiblesses des hommes, et son art tout dostoïevskien de montrer toute une civilisation à travers un simple « trou dans un mur ». Tout est séduisant dans ce livre, l’écriture, l’intrigue, les personnages, la progression de l’action, les dialogues bien sûr, et cet art de faire comprendre d’un trait tout ce qui ne se dit pas. Un très beau Renaudot. » (critique d’un lecteur sur amazon.fr)

Prix Renaudot 2016

Étoile errante de Jean-Marie Le CLÉZIO

Pendant l’été 1943, dans un petit village de l’arrière-pays niçois transformé en ghetto par les occupants italiens, Esther découvre ce que peut signifier être juif en temps de guerre : adolescente jusqu’alors sereine, elle va connaître la peur, l’humiliation, la fuite à travers les montagnes, la mort de son père.Une fois la guerre terminée, Esther décide avec sa mère de rejoindre le jeune État d’Israël. Au cours du voyage, sur un bateau surpeuplé, secoué par les tempêtes, harcelé par les autorités, elle découvrira la force de la prière et de la religion. Mais la Terre promise ne lui apportera pas la paix : c’est en arrivant qu’elle fait la rencontre, fugitive et brûlante comme un rêve, de Nejma, qui quitte son pays avec les colonnes de Palestiniens en direction des camps de réfugiés.Esther et Nejma, la Juive et la Palestinienne, ne se rencontreront plus. Elles n’auront échangé qu’un regard, et leurs noms. Mais, dans leurs exils respectifs, elles ne cesseront plus de penser l’une à l’autre. Séparées par la guerre, elles crient ensemble contre la guerre.Comme dans Onitsha, avec lequel il forme un diptyque, on retrouve dans Étoile errante le récit d’un voyage vers la conscience de soi. Tant que le mal existera, tant que des enfants continueront d’être captifs de la guerre, tant que l’idée de la nécessité de la violence ne sera pas rejetée, Esther et Nejma resteront des étoiles errantes.

Nô et moi de Delphine de VIGAN (Livre de Poche)

Elle avait l’air si jeune. En même temps il m’avait semblé qu’elle connaissait vraiment la vie, ou plutôt qu’elle connaissait de la vie quelque chose qui faisait peur.
D. V.

Adolescente surdouée, Lou Bertignac rêve d’amour, observe les gens, collectionne les mots, multiplie les expériences domestiques et les théories fantaisistes. Jusqu’au jour où elle rencontre No, une jeune fille à peine plus âgée qu’elle. No, ses vêtements sales, son visage fatigué, No dont la solitude et l’errance questionnent le monde. Pour la sauver, Lou se lance alors dans une expérience de grande envergure menée contre le destin.
Mais nul n’est à l’abri… [Présentation de l’éditeur]

Lou Bertignac a 13 ans, un QI de 160 et des questions plein la tête. Les yeux grand ouverts, elle observe les gens, collectionne les mots, se livre à des expériences domestiques et dévore les encyclopédies.
Enfant unique d’une famille en déséquilibre, entre une mère brisée et un père champion de la bonne humeur feinte, dans l’obscurité d’un appartement dont les rideaux restent tirés, Lou invente des théories pour apprivoiser le monde.
A la gare d’Austerlitz, elle rencontre No, une jeune fille SDF à peine plus âgée qu’elle.
No, son visage fatigué, ses vêtements sales, son silence.
No, privée d’amour, rebelle, sauvage.
No dont l’errance et la solitude questionnent le monde.
Des hommes et des femmes dorment dans la rue, font la queue pour un repas chaud, marchent pour ne pas mourir de froid. « Les choses sont ce qu’elles sont ». Voilà ce dont il faudrait se contenter pour expliquer la violence qui nous entoure. Ce qu’il faudrait admettre. Mais Lou voudrait que les choses soient autrement. Que la terre change de sens, que la réalité ressemble aux affiches du métro, que chacun trouve sa place. Alors elle décide de sauver No, de lui donner un toit, une famille, se lance dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Envers et contre tous.

Roman d’apprentissage, No et moi est un rêve d’adolescence soumis à l’épreuve du réel. Un regard d’enfant précoce, naïf et lucide, posé sur la misère du monde. Un regard de petite fille grandie trop vite, sombre et fantaisiste.Un regard sur ce qui nous porte et ce qui nous manque, à jamais. [Présentation de la FNAC]

Nos richesses de Kaouther ADIMI (Algérie)

En 1935, Edmond Charlot a vingt ans et il rentre à Alger avec une seule idée en tête, prendre exemple sur Adrienne Monnier et sa librairie parisienne. Charlot le sait, sa vocation est de choisir, d’accoucher, de choisir de jeunes écrivains de la Méditerranée, sans distinction de langue ou de religion. Placée sous l’égide de Giono, sa minuscule librairie est baptisée Les Vraies Richesses. Et pour inaugurer son catalogue, il publie le premier texte d’un inconnu : Albert Camus. Charlot exulte, ignorant encore que vouer sa vie aux livres, c’est aussi la sacrifier aux aléas de l’infortune. Et à ceux de l’Histoire. Car la révolte gronde en Algérie en cette veille de Seconde Guerre mondiale.

En 2017, Ryad a le même âge que Charlot à ses débuts. Mais lui n’éprouve qu’indifférence pour la littérature. Étudiant à Paris, il est de passage à Alger avec la charge de repeindre une librairie poussiéreuse, où les livres céderont bientôt la place à des beignets. Pourtant, vider ces lieux se révèle étrangement compliqué par la surveillance du vieil Abdallah, le gardien du temple. [Présentation de l’éditeur]

Kaouther Adimi fait partie de ces écrivains qui montent : avec son troisième roman, Nos Richesses, elle confirme son potentiel et se prépare un avenir lumineux. Des atouts, elle en a : à la fois louée par un public de lycéens, sensible à l’intrigue et à l’accessibilité de son récit, elle l’est également pour ses qualités littéraires puisqu’elle a reçu cette semaine le Prix du Style. Voici les vraies richesses de Kaouther Adimi, une auteure également soucieuse de célébrer un bel héritage culturel et littéraire et de lui rendre hommage. Nos Richesses retrace en effet le parcours de l’éditeur Edmond Charlot, qui a notamment découvert un auteur comme Albert Camus. [rédactrice de la FNAC]

Gaël Faye, Petit pays (Rwanda/France), Prix Goncourt des lycéens

Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l’harmonie familiale s’est disloquée en même temps que son « petit pays », le Burundi, ce bout d’Afrique centrale brutalement malmené par l’Histoire.
Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de cœur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites les jours d’orage, les jacarandas en fleur… L’enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.

« A lire, absolument.
Je n’ai jamais été autant bouleversée par un livre. Je viens de le terminer et j’ai alors pleuré comme une madeleine.
J’avais envie d’en savoir plus sur la guerre au Burundi et au Rwanda, et j’ai été servie par ce témoignage qui va beaucoup plus loin qu’une simple narration des faits. Ce livre est débordant d’humanité et dévoile ou explique les mécanismes qui font qu’un humain puisse devenir plus sage, ou fou – parfois au point d’assassiner ses congénères pour des raisons qui n’en sont pas : Prothé, avec son sale caractère parfois mais aussi sa profonde gentillesse, en est un exemple flagrant, la mère de Gaël Faye aussi, mais il y en a bien d’autres. C’est horrible, tous ces assassinats d’innocents, ces pressions sur l’individu qui refuse de choisir un camp.
Un grand merci à Gaël Faye pour sa franchise : ce livre devrait être lu par un maximum de personnes, afin de les rassurer et de leur faire comprendre à quel point nous devons nous battre pour la paix. Et puis, il contient un magnifique hommage à la lecture, tellement indispensable pour comprendre ce que nous sommes. »

Un livre lumineux. Astrid de Larminat, Le Figaro.

Un très beau premier roman, déchirant et incandescent, qui force l’admiration. Yann Perreau, Les Inrockuptibles.

Gaby n’est pas un petit Africain, c’est un enfant du monde emporté par la fureur du destin. Notre hantise commune. Maria Malagardis, Libération.


Laurent Gaude Le soleil des Scorta, Prix Goncourt 2004

La lignée des Scorta est née d’un viol et du péché. Maudite, méprisée, cette famille est guettée par la folie et la pauvreté. A Montepuccio, dans le sud de l’Italie, seul l’éclat de l’argent peut éclipser l’indignité d’une telle naissance. C’est en accédant à l’aisance matérielle que les Scorta pensent éloigner d’eux l’opprobre. Mais si le jugement des hommes finit par ne plus les atteindre, le destin, lui, peut encore les rattraper.

« Comme d’habitude avec L. Gaudé, on est très vite immergé dans le récit de cette famille italienne qu’on va suivre pendant 3 générations. On sera inondé par le soleil des Pouilles, et charmé par la vie de ce petit village isolé du Sud de l’Italie. On se plait à suivre leurs aventures rocambolesques et on admire les liens familiaux forts de cette famille ainsi que leur sens de l’honneur.
Mais, au delà du récit, j’ai retrouvé avec L. Gaudé, ce que j’avais déjà tant apprécié dans « la mort du roi Tsongor », ce sont les grandes réflexions et interrogations de ses personnages sur les grands choix de vie: Renoncer à la richesse pour assurer son bonheur dans le couple, quitter son village et sa famille pour gagner sa vie, être fidèle à la parole donnée quoiqu’il en coûte, travailler dur sans relâche en écartant l’argent facile, …etc….
Un livre passionnant qui permet de se poser les bonnes questions et de confronter nos réponses à celles choisies par ces italiens des Pouilles.

Ce livre est un vrai bonheur, pour les amoureux de l’Italie et de ses histoires..Ce livre est très cinématographique, on imagine tout, on voit tout…On sens même la poussière, on sens met le soleil brulant,
J’ai lu ce livre à petite bouchées, tellement il est délicieux. On peut se lire un ou deux chapitres par soir, car très court, rarement plus de cinq pages. Le style est super et ciselé, pas de lourdeur dans la lecture, et des diamants de phrase….Quand on a fini, on a envie de la relire…» [lecteur, sur amazon.fr]

Maïssa Bey, Puisque mon cœur est mort

Maïssa Bey parle du destin d’une mère devenue orpheline de son enfant, dans une guerre monstrueuse qui n’a même pas de nom. Le jour où elle découvre, sur une photo, le visage de l’assassin de son fils, Aïda part à sa recherche. Une quête dont elle retrace chaque soir le parcours dans des lettres qu’elle adresse à celui qui n’est plus. « Une fois de plus, chez Maïssa Bey, le deuil, la désolation, se parent d’une vertu maïeutique. La violence accouche une femme nouvelle, qui s’autorise la subjectivité. Et le refus d’obtempérer. » [présentation de l’éditeur]

Patrick Modiano: Dans le café de la jeunesse perdue « magnifique portrait de cette jeune femme Louky, raconté par différents intervenants, tous conquis par ce personnage hors du commun tant il est commun. toute la géographie stylistique de Modiano est là, c’est un maître qui n’en a pas pas l’air mais il a la musique. ce livre est une tragédie sur un mode mineur, tragédie parce nous comprenons, en dedans, qu’elle ne pourra être retenue.Paris, la vie tout cela est un vaste piège dont on peut peut-être prendre plaisir avant qu’il ne se referme.mais c’est tout. Modiano est l’écrivain vivant, le plus dans la littérature et l’humain, pas besoin de balles, d’effets spéciaux, de crises de nerfs ou autres. nous ne sommes pas dans le divertissement, nous sommes conviés, par le style, activement à nous démener, à être un peu plus qu’un lecteur ayant juste acheté un livre de monsieur Modiano . nous sommes une communauté d’ amateurs comme si nous étions un peu partie prenante de cette écriture si belle.ce « café » est un de ses romans qui m’a le plus touché que j’ai je crois le mieux compris en fin de compte. » [appréciation d’un lecteur sur amazon.fr]

Malika Mokeddem Mes hommes « J’ai quitté mon père pour apprendre à aimer les hommes, ce continent encore hostile car inconnu. Et je lui dois aussi de savoir me séparer d’eux. Même quand je les ai dans la peau. J’ai grandi parmi des garçons. J’ai été la seule fille de ma classe de la cinquième à la terminale. J’ai été la seule pionne dans l’internat au milieu des hommes… Je me suis faite avec eux et contre eux. Ils incarnent tout ce qu’il m’a fallu conquérir, pour accéder à la liberté. »

« Tu disais « mes fils » quand tu parlais de mes frères. « Tes filles » lorsque la conversation nous concernait, mes soeurs et moi. Tu prononçais « mes fils » avec orgueil. Tu avais une pointe d’impatience, d’ironie, de ressentiment, de colère, parfois, en formulant « tes filles ».

Michel Butor La Modification Le voyage d’un homme vers lui-même. Prouesse narrative. Extraire de la banalité la quintessence d’une humanité en quête d’elle-même. C’est ce que réussit à faire Michel Butor dans « La Modification ». Un livre étonnant, qui m’a profondément marquée. Il fait partie des rares livres qui vivent toujours en moi, avec clarté. Aussi vif que le reflet d’un rail, aussi trouble qu’un paysage déformé par la vitre du train.

Sa force est incroyable. Elle réside d’abord dans un style audacieux, au long souffle très maîtrisé (je n’aurais jamais cru pouvoir supporter des phrases aussi longues… mais si et c’est extraordinairement prenant… surtout si on considère la banalité de leurs objets). Mais aussi dans son sujet et sa mise en situation. On entre irrémédiablement dans la peau du narrateur, impliqué par ce « vous » qui nous propulse à sa place sur la banquette du train.

Le thème est banal: une histoire d’adultère et de choix à faire. Mais il nous emmène, sans en avoir l’air, dans les profondeurs d’un être. Un homme qui pourrait être n’importe qui, ou presque. Qui pourrait être soi, quand bien même on serait femme, et quand bien-même le roman témoigne avec beaucoup de délicatesse des ressorts affectifs masculins dans le rapporta aux femmes. Oui, c’est un voyage, mais pas uniquement entre Paris et Rome. C’est le voyage d’un homme vers lui-même. Qui découvre qu’il n’est pas où il pensait l’être.

Ce que j’ai beaucoup aimé: le thème de la femme liée à la ville. La manière dont l’auteur montre comment les gens et ce qu’ils représentent pour nous sont aussi dépendants des lieux et de l’espace/temps que ceux-ci créent. C’est d’ailleurs la particularité de ce roman que de nous faire voyager dans le temps psychologique d’un être à travers deux lieux clés, Rome et Paris. Les rapports de force ou les renoncements qui structurent et orientent sa vie en souterrain sont révélés par le rapport qu’il entretient avec ces deux lieux…. au fil des rails et des gares, sa pensée tourne et revient vers eux… jusqu’à la prise de conscience finale: accession, enfin, à sa maturité d’homme?

Les amateurs de voyages en train trouveront aussi dans ce roman beaucoup de plaisir, tant dans le réveil de sensations fugaces que dans la découverte d’une autre époque du rail. Un autre temps où tout passe à un autre rythme. Rythme propice à l’émergence de la conscience du héros (que nous sommes, pris à parti…). Avec le TGV, aujourd’hui, ce chemin vers soi-même serait-il encore possible?

Ce livre m’habite depuis 15 ans. Comment ne pas le recommander? [appréciation d’une lectrice sur amazon.fr]

André GIDE, Les Caves du Vatican « Comme je n’en avais jamais entendu parler auparavant, l’ouvrage a traîné quelques temps dans ma bibliothèque, et je me souviens même l’avoir acheté non sans une certaine réticence. Le titre, qui d’abord semblait annoncer des considérations religieuses – et tout lecteur de « La porte étroite » sait qu’elles peuvent être profondes chez Gide. Les noms et les prénoms des personnages donnés dans les premières pages ensuite, qui semblaient ici encore annoncer le sophistiqué : « Anthime », ce n’était guère plus rassurant que « Arnica » apparaissant dans l’extrait au quatrième de couverture. Qu’on entende bien : je ne doutais pas que « Les caves du Vatican » serait un grand moment de lecture, mais je me disais qu’il allait falloir prendre le temps de lire, et je recherchais plutôt alors une distraction. Finalement, l’occasion semblant s’être enfin présentée par une pluvieuse matinée d’automne, je me suis jeté à l’eau et j’ai trouvé le bain à une étonnante température : ce n’était pas glacial, c’était chaud, voire bouillant, car le roman est drôle, à mourir de rire même en certains passages.

J’imagine l’ire des fervents catholiques à l’époque où le livre est publié : comment oser remettre en scène un tel scandale, qui avait défrayé la chronique en son temps ? Je me plais à penser que « Les caves du Vatican » aura été mis à l’index dans le bonnes familles, et que ceux, parmi les plus bigots, qui en auront poussé la lecture jusqu’à ce moment où la foi de Julius semble vaciller auront eu la tentation de le jeter au feu.

Inévitablement, c’est Gide : la prose est donc approximativement à la littérature contemporaine ce que le caviar est aux oeufs de lompe – à la décharge de ces derniers : ils ont la franchise de s’afficher d’une autre couleur pour que le profane ne soit pas trompé sur la marchandise -, et s’il se fût trouvé un picidé qui ponde quelque chose de plus insipide dont on fit commerce, je l’aurais volontiers cité. Pour autant, ce n’est pas qu’il soit difficile de lire Gide ; au contraire même, à de très rares exceptions près, la simplicité du style est déconcertante. Mais c’est une simplicité gênante, en ceci qu’il apparaît très vite à celui qui soigne un peu sa lecture qu’elle repose sur une maîtrise inégalée de la langue française. En un mot, le lecteur qui jette un oeil à l’envers du décor est brutalement rabattu sur un oxymore : Gide fait simple, mais c’est très compliqué. Il n’y donc rien de commun entre la simplicité que peu afficher un auteur contemporain qui fait vendre et celle de Gide, car si celle du premier démontre l’impossibilité de faire mieux, celle du second démontre une totale maîtrise. » [commentaire de Max Weber sur amazon.fr]

Georges SIMENON, Le Locataire « c’est l’histoire de Elie Nagear – fils d’un riche commerçant ruiné d’Istanbul – bourlingueur qui rencontre sur le navire qui l’amène à Marseille Sylvie – une chanteuse de cabaret à la recherche d’hommes fortunés – et qui lie son destin à cette jeune femme forte qui sait ce qu’elle se veut, ils vont à Bruxelles où ils croisent un gras Hollandais qui loge dans la chambre à côté de la leur, l’affaire qui avait conduit Elie en Belgique ne se fait pas, l’argent commence à manquer, subrepticement il surprend un échange d’argent dans la chambre du Hollandais qui s’en va à Paris, d’un coup Elie décide de se procurer une clé anglaise et de suivre le bourgeois dans le train dans l’intention de le tuer et de lui dérober son argent, il parvient à ses fins, revient à Bruxelles, confie son acte et la moitié de l’argent à Sylvie, et se planque chez la mère de cette dernière qui gère une maison d’hôtes à Charleroi, mais les billets du Hollandais sont numérotés et la police des deux pays sont sur leurs traces… la partie la plus intéressante de ce roman est la cohabitation d’Elie, de la famille de Sylvie – les Baron – et de ses pensionnaires estudiantins, Elie se délecte dans ce cadre familiale, berce madame Baron de son passé fastueux à Istanbul, de ses voyages de riche oisif, charme la soeur de Sylvie, devient l’hôte de prédilection, mais son crime va le rattraper et il va se révéler faible, apeuré et collant, ne voulant pas quitter cette maison si accueillante, même s’ il se rend de plus en plus importun… un personnage tourmenté qui pense redorer son blason en assassinant, mais dont la faiblesse flagrante et la passivité le conduiront à l’inéluctable, alors que Sylvie s’en sortira la tête haute avec un brio assez remarquable… un très bon Simenon avec son non-style lapidaire et précis, des personnages bien humains et l’atmosphère d’un hiver glacial en Belgique. » [commentaire d’un lecteur sur amazon.fr]

Kamel DAOUD, Meursault, contre-enquête Un homme, tel un spectre, soliloque dans un bar. Il est le frère de l’Arabe tué par Meursault dans L’Étranger, le fameux roman d’Albert Camus. Il entend relater sa propre version des faits, raconter l’envers du décor, rendre son nom à son frère et donner chair à cette figure niée de la littérature: l’« Arabe ».

Iconoclaste, le narrateur est peu sympathique, beau parleur et vaguement affabulateur. Il s’empêtre dans son récit, délire, ressasse rageusement ses souvenirs, maudit sa mère, peste contre l’Algérie – il n’épargne personne. Mais, en vérité, sa seule obsession est que l’Arabe soit reconnu, enfin.
Kamel Daoud entraîne ici le lecteur dans une mise en abîme virtuose. Il brouille les pistes, crée des effets de miroir, convoque prophètes et récits des origines, confond délibérément Meursault et Camus. Suprême audace : par endroits, il détourne subtilement des passages de L’Étranger, comme si la falsification du texte originel était la réparation ultime. [présentation de l’éditeur].

Au printemps 2017 nous avons lu Sigmaringen de Pierre Assouline (France), Saisons sauvages de Kettly Mars (Haïti), et Un homme, ça ne pleure pas de Faïza Guène (France/Algérie).


En septembre 1944, un petit coin d’Allemagne nommé Sigmaringen, épargné jusque-là par les horreurs de la guerre, voit débarquer, du jour au lendemain, la part la plus sombre de la France : le gouvernement de Vichy, avec en tête le maréchal Pétain et le président Laval, leurs ministres, une troupe de miliciens et deux mille civils français qui ont suivi le mouvement, parmi lesquels un certain Céline. Pour les accueillir Hitler a mis à leur disposition le château des princes de Hohenzollern, maîtres des lieux depuis des siècles. Tout repose désormais sur Julius Stein, le majordome général de l’illustre lignée. Depuis les coulisses où il œuvre sans un bruit, sans un geste déplacé, il écoute, voit, sait tout. Tandis que les Alliés se rapprochent inexorablement du Danube et que l’étau se resserre, Sigmaringen s’organise en petite France. Coups d’éclat, trahisons, rumeurs d’espionnage, jalousies, l’exil n’a pas éteint les passions. Certains rêvent de légitimité, d’autres d’effacer un passé trouble, ou d’assouvir encore leurs ambitions. Mais Sigmaringen n’est qu’une illusion. [Quatrième de couverture]

Port-au-Prince, années 1960 : Duvalier et ses tontons macoutes éliminent systématiquement les opposants au régime. Daniel Leroy, rédacteur en chef du principal journal d’opposition, vient d’être enlevé. Pour obtenir de ses nouvelles, son épouse Nirvah se rend chez le secrétaire d’Etat à la Sécurité publique, Raoul Vincent. Le redoutable chef de la police est subjugué : pour assurer la survie de son époux et protéger sa famille, Nirvah se soumet au désir du fonctionnaire. Devenir la maîtresse officielle d’un homme fort du régime n’a pas que des désagréments. Encore faut-il supporter le regard inquisiteur des voisins et les questions muettes de ses propres enfants… Kettly Mars décrit une période charnière et douloureuse de l’histoire d’Haïti et tisse ensemble deux histoires : l’intime – le destin de Nirvah et de sa famille -, et l’universelle – le régime politique dictatorial de Duvalier et ses exactions. [Présentation de l’éditeur]

Né à Nice de parents algériens, Mourad voudrait se forger un destin. Son pire cauchemar : devenir un vieux garçon obèse aux cheveux poivre et sel, nourri à l’huile de friture par sa mère. Pour éviter d’en arriver là, il lui faudra se défaire d’un héritage familial pesant. Mais n’est-ce que dans la rupture qu’on se découvre vraiment ?

Faïza Guène interroge l’héritage familial et la question de la liberté. Rien n’est pesant, rien n’est jugement.

« Ce très beau roman en dit beaucoup plus sur la vie que tous les traités de sociologie ou les discours politiques. » François Busnel, L’Express.

« Un roman dense et mature qui sait faire rire et tirer des larmes. » Lisa Vignoli, Marianne.

Verre cassé » Verre Cassé est un ivrogne de 64 ans. Ancien instituteur, […] il a été chargé par l’Escargot entêté, patron du bar Le Crédit a voyagé, de tenir la chronique des faits et gestes de sa clientèle. Une sorte de Cour des miracles peuplée de mythomanes assoiffés, d’éclopés burlesques et de vieux débris […] Verre Cassé est une œuvre truculente, exubérante, bavarde, tonitruante, d’un comique sans retenue. […] La verve d’Alain Mabanckou est un fleuve en crue qui emporte tout sur son passage, les mots, les hypocrisies, les convenances, les traditions, les politiquement correct, l’afro-ethnique.  » (Bernard Pivot, Le Journal du Dimanche) Ce roman a reçu le prix Ouest-France Etonnants Voyageurs, le prix des Cinq Continents de la francophonie et le prix RFO du livre en 2005. Alain Mabanckou est notamment l’auteur de African Psycho.

Alain Mabanckou est né au Congo-Brazzaville en 1966. Il a déjà publié six recueils de poésie et quatre romans, parmi lesquels Bleu-Blanc-Rouge, Les Petits-Fils nègres de Vercingétorix et African Psycho. Il a obtenu le Grand Prix littéraire d’Afrique noire en 1999. Il enseigne aujourd’hui les littératures francophone et afro-américaine à l’université du Michigan.

Odeur

« J’ai passé mon enfance à Petit-Goâve, à quelques kilomètres de Port-au-Prince. Si vous prenez la nationale Sud, c’est un peu après le terrible morne Tapion. Laissez rouler votre camion (on voyage en camion, bien sûr) jusqu’aux casernes (jaune feu), tournez tranquillement à gauche, une légère pente à grimper, et essayez de vous arrêter au 88 de la rue Lamarre. Il est fort possible que vous voyiez, assis sur la galerie, une vieille dame au visage serein et souriant à côté d’un petit garçon de dix ans. La vieille dame, c’est ma grand-mère. Il faut l’appeler Da. Da tout court. L’enfant, c’est moi. Et c’est l’été 63. Da boit son café. J’observe les fourmis. Le temps n’existe pas. »

Dany Laferrière est né en 1953 à Port-au-Prince. Depuis son premier roman, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, salué par une reconnaissance immédiate, à l’Art presque perdu de ne rien faire, en passant par l’Enigme du retour (Prix Médicis 2009), Dany Laferrière construit une oeuvre qui lui a valu son élection à l’Académie française.

Cuisiner« Ce soir-là, l’odeur du crocodile â la sauce tchobi et d’une purée de mangues sur toast charrie les légendes africaines. C’est l’odeur du vent des forêts, lorsque les esprits volettent de branche en branche et perturbent le sommeil des hommes… » Mademoiselle Aïssatou est amoureuse d’un Malien pure souche, célibataire et manutentionnaire. Souleymane Bolobolo vit avec sa mère qui a une poule pour animal de compagnie. Et pour séduire cet homme, il ne suffit pas d’être une « femme flamme » et de lui refiler un tendre baiser, il faut aussi les senteurs tropicales qui captivent. Mangue sauvage, marinade d’épices et pépé-soupe de poissons… Voilà de quoi déclencher torrents d’extase et excès sensuels. Mieux que les contes de Schéhérazade, Calixthe Belaya a ses philtres suaves et autres poudres magiques pour ensorceler « l’autre »…

Revue de presse

Dans son dernier livre, la Camerounaise Calixthe Beyala nous explique « Comment cuisiner son mari à l’africaine ». Entre métaphores culinaires et recettes exotiques, le programme est alléchant.

L’idée est originale : mélanger les aliments et les mots dans la même marmite littéraire. Vous en rêviez ? La bouillonnante et talentueuse Calixthe Beyala l’a fait. Car dans Comment cuisiner son mari à l’africaine, la romancière entrelarde une histoire de fiction avec des recettes exotiques à souhait. Mademoiselle Aïssatou, jeune Africaine à Paris, tombe folle amoureuse de son voisin de palier, M. Bolobolo. Pour le séduire, elle se remémore les conseils de sa mère et se lance à corps perdu dans la confection de plats tous plus alléchants les uns que les autres.

On connaissait le dolé ou le ngombo, mais vous découvrirez au fil des pages des plats qui — paraîtn — font se pâmer d’aise les mâles en quête de bonne chère. Tortue de brousse aux bananes plantains vertes, antilope fumée aux pistaches, boa en feuilles de bananier, crocodile à la sauce tchobi, ou bien encore porc-épic aux noix de mangues sauvages…

Pourtant, sous le côté insouciant et léger des recettes de cuisine, Calixthe Beyala dresse le portrait d’une jeune Africaine en mal de repères, dans une société qui refuse la nourriture et les rondeurs féminines, et qui propose un modèle de beauté à l’opposé de celui qui prévaut en Afrique. La romancière dénonce cet état de fait :

« J’ignore quand je suis devenue blanche, mais je sais que je me décrêpe les cheveux avec du Skin Succès fort (…), je me desquame la peau avec Vénus de Milo. (…) Je brime mon corps. (…) Planche à pain égale belle femme. »

Entre humour, sensualité et souffrance, ce petit livre est à transporter de la cuisine au salon. Calixthe Beyala vient d’inventer le « deux-en-un » littéraire ! — Olivia Marsaud — Afrik.com

Dans le passé nous avons lu

Lydie Salvayre, Pas pleurer (France, Espagne), Georges Bernanos Nouvelle Histoire de Mouchette (France), Annie Ernaux, La Honte (France), François Cheng, L’Éternité n’est pas de trop (Chine, France), François Mauriac, La Pharisienne (France), Jérôme Ferrari, Le Sermon sur la chute de Rome (France), André Gide, La Symphonie pastorale (France), Patrick Modiano, Dora Bruder (France), Assia Djebar, La Femme sans sépulture (Algérie, France), Maïssa Bey, Bleu blanc vert (Algérie), Ahmadou Kourouma, Allah n’est pas obligé (Côte d’ivoire), Dany Laferrière, L’Enigme du retour (Haïti/Québec), Simone de Beauvoir: Le Sang des autres (France), Yasmina Khadra: Les Hirondelles de Kaboul (Algérie), Boualem Sansal: Le Village de l’Allemand, ou Le Journal des frères Schiller (Algérie), Philippe Labro, Le petit Garçon (France), Paule Constant, Sucre et secret (France), Philippe Claudel, Les Ames grises (France), François Mauriac, Genitrix (France), Nathacha Appanah, Le dernier frère (France/Ile Maurice), Catherine Cusset, En toute innocence (France/Etats-Unis), Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit (France), Michel Folco, Dieu et nous seuls pouvons (France), Muriel Burbery, L’Élégance du hérisson (France), Patrick Modiano, La Rue des boutiques obscures (France), Daniel Pennac, Chagrin d’Ecole (France), Marie N’Diaye, Temps de saison (France), Vassilis Alexakis , Ap. J.-C. (France/Grèce), Antoine de Saint-Exupéry, Vol de nuit (France), Jean-Philippe Toussaint, Fuir (France), Jean-Marie G. Le Clézio, Désert (France/Ile Maurice), Albert Camus, Le premier homme (France/Algérie), Linda Lê, Les Aubes (France/Viêtnam), Marie Darrieussecq, White (France), André Malraux, La Voie royale (France), Jean-Paul Sartre, Les Mots (France), Eric-Emmanuel Schmitt, La secte des égoïstes (France), Andrée Chedid, Le Message (France/Liban), Mariama Bâ, Une si longue lettre (Sénégal), François Weyergans, Trois jours chez ma mère (Belgique), Michel Tremblay, Des Nouvelles d’Edouard (Québec), Andréï Makine, Le Testament français (France/Russie), François Mauriac, La Fin de la nuit (France), Colette, Le Blé en herbe (France), Hélène Grimaud, Leçons particulières (France), François Mauriac, Thérèse Desqueroux (France), Milan Kundera, L’Ignorance (République tchèque), Anna Gavalda, Ensemble, c’est tout (France), Faïza Guène, Kiffe, kiffe demain (France/Algérie), Dai Sijie, Balzac et la petite tailleuse chinoise (France/Chine), Nina Bouraoui, La Voyeuse interdite (France/Algérie), Azouz Begag, Le Gone de Chaaba (France/Algérie), Maryse Condé, Moi, Tituba sourcière (France/Guadeloupe), Nina Bouraoui, Garçon manqué (France/Algérie), Denise Bombardier, Ouf ! (Québec), Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne (France), Assia Djebar, Femmes d’Alger dans leur appartement (France/Algérie), Albert Camus, L’Etranger (France/Algérie), Albert Memmi, La Statue de sel (Tunisie)Jean-Paul Sartre, Les Mots (France), Benoît Duteurtre, Le Voyage en France (France), André Gide, L’immoraliste (France), François Mauriac, Le Nœud de vipères (France), Andrée Chédid, La Maison sans racines (France/Liban), André Malraux, Les Noyers d’Altenberg (France), Marguerite Duras, Le Ravissement de Lol V. Stein (France/Indochine), Tahar Ben Jelloun, L’Enfant de sable (France/Maroc), Amélie Nothomb, Stupeur et tremblements (Belgique)